Progressistes ou conservateurs, qui ont les clés pour s’adapter aux changements du monde d’aujourd’hui ?

Commençons par définir le progressisme et le conservatisme .

Le progressisme est la volonté d’instaurer un progrès social, des réformes, par opposition au conservatisme. Une pensée est qualifiée de progressiste, par exemple, lorsqu’elle conçoit le présent comme un progrès par rapport à une époque passée jugée plus primaire, plus difficile, ou encore plus ignorante. Toutefois, la pensée progressiste ne conçoit pas nécessairement le présent comme un progrès, mais elle peut au contraire dénigrer le présent, et réclamer une amélioration en prônant des valeurs dites modernes. En général, les progressistes s’appuient sur l’usage de la raison pour essayer d’anticiper et proposer les changements souhaitables. Par exemple, en France, dans les années 1970, l’idée initialement minoritaire selon laquelle la peine de mort devait être abolie relevait d’une pensée progressiste défendue par François Mitterrand, par opposition à l’idée selon laquelle elle devait être maintenue, qui relevait d’une pensée conservatrice. L’actuel progressisme défend les idéaux du mouvement hippie et du mouvement révolutionnaire : le sexe libre, l’avortement, le féminisme, les droits des homosexuels, la laïcité, etc..

Le conservatisme est une philosophie politique qui est en faveur des valeurs traditionnelles et qui s’oppose au progressisme. Les cultures ayant chacune des valeurs différentes, les conservateurs selon leur culture ont des buts différents. Les idées défendues par les conservateurs sont en grande partie liées à leur contexte d’existence. Mais tous les conservateurs promeuvent la défense ou le retour à des valeurs établies . Ils conservent l’existant et s’adaptent mal aux changements inhérents à l’évolution de toute société (changement moral, éthique) . 

Cette opposition se retrouve notamment en politique . Il existe dans le monde un certain nombre de partis s’appelant « Parti conservateur ». On peut citer en Grande-Bretagne le parti Tory, le Parti conservateur du Canada . Aux États-Unis, le débat politique oppose les progressistes dont une partie se retrouve au sein du parti démocrate de Barack Obama ou Bill Clinton aux conservateurs le plus souvent membres du parti républicain de John Mc Cain ou Georges Bush .En France, la gauche est plus progressiste tandis que la droite est généralement plus conservateur.

Dans l’Histoire, les progressistes ont semblé plus à même de répondre aux aspirations du temps .La guerre de Sécession est un excellent exemple de cette réalité .A cette époque en 1861, aux Etats-Unis, les Nordistes, situés au Nord du pays, étaient pour l‘abolition de l’esclavage pour des raisons éthiques et de droit humain . Ces Nordistes étaient sur ce thème, progressistes .Les Sudistes, situées au Sud des Etats-Unis, étaient pour l’esclavage et son maintien . C’étaient essentiellement eux les propriétaires des plantations et ils avaient particulièrement besoin des esclaves pour leurs intérêts financiers .Ces Sudistes étaient esclavagistes et conservateurs . Aveuglés par leurs intérêts financiers, ils refusèrent de muter et de s’adapter à ce que dictait le progrès et ne voulurent pas mettre fin à l’esclavage . Ils allèrent jusqu’à la guerre contre des citoyens du même pays à savoir les Nordistes .

Entrons maintenant dans le vif du sujet, comment s’adapter aux enjeux du monde d’aujourd’hui et qui peut sans doute le mieux le faire ? Les conservateurs ? Les progressistes ?
Aujourd’hui, notre époque présente dans ses enjeux « à savoir la lutte contre le réchauffement climatique et la mise en place du développement durable », une véritable discontinuité par rapport à l’ensemble de notre passé .
A l’époque des grecs, en passant par les romains, le moyen-âge, le baroque, le siècle des lumières et la révolution industrielle en allant jusqu’à l’époque très récente de la guerre froide, nous vivions dans un monde considéré plus ou moins comme infini et disposant de ressources infinies (minières, bois, pétroles, matières premières, gaz …) .
Aujourd’hui, nous avons pris conscience pour la première fois, et c’est là qu’est la discontinuité, d’un monde fini avec des ressources finies . Tout doit changer en profondeur . Il va falloir abandonner certaines de nos valeurs centrales car elles sont incompatibles avec la survie .
La confrontation de la logique libérale aux problèmes des limites de la terre, génèrera une régression économique voir un effondrement . Pour reprendre Corinne Lepage (centre droit) dans France Culture, « nous ne parvenons pas à traiter la question de la démographie pas plus que celle de la gestion dans un intérêt commun des ressources naturelles nécessaires à notre survie .
Le fait que les ressources soient localisées et les pollutions souvent diffuses accroît encore les sources d’interdépendance mais aussi d’inégalités croissantes, l’accroissement des revenus se faisant sur l’exploitation des richesses. Croissance est synonyme d’augmentation du revenu et non pas d’augmentation du patrimoine collectif . Notre système de valeurs est donc inadapté et ce d’autant plus que la croissance des 30 dernières années s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités entre personnes et entre pays qui a servi de moteur à ladite croissance. »
Eviter l’effondrement, c’est-à-dire faire le choix de la survie , c’est donc s’attaquer à notre système de valeurs qui est la cause profonde du crach financier et de la crise alimentaire, par exemple, en admettant nos erreurs et en refusant que les responsables physiques des drames actuels tentent de s’autojustifier en nous proposant de continuer sur le même système . Le capitalisme doit donc se transformer ou disparaître pour un nouveau système, espérons-le encore meilleur.
De toute façon, il faut bien avoir conscience que les sociologues spécialisés prévoient la fin probable du capitalisme en tant que tel pour 50 ans maximum . Le système suivant pourra être meilleur ou bien pire . A nous d’en décider en s’y préparant pour répondre aux enjeux actuels .
Il est nécessaire de commencer avec des mesures symboliques mais fortes comme la suppression des parachutes dorés et bonus de dirigeants financiers par la loi, le droit de vote étendu des Etats dans les banques dans lesquelles il aura investi et une législation rigoureuse de régulation excluant toute AUTOrégulation dont on a vu où elle conduisait.
En second lieu, en évitant à tout prix que les Etats qui sont les derniers garants de la vie collective ne soient déstabilisés, car ce serait alors un risque de chaos pour les nations. Les Etats sont aujourd’hui les seuls à pouvoir faire face aux réorientations économiques et sociales majeures auxquelles il faut procéder sans délai. A cet égard, on ne saurait trop rappeler combien il serait utile de renforcer réellement la démocratie et combien la frilosité du parlement français au regard de la loi Grenelle apparaîtra, si elle se poursuit , comme une chance historique partiellement manquée pour l’économie et la société française tout comme la création d’une Europe hèlas non exemplaire d’un point de vue social et écologique .
Ce sont également les Etats qui peuvent au niveau international concevoir un réel système sur le modèle par exemple proposé par le professeur Stiglitz, prix Nobel d’économie, pour permettre le développement des pays du sud tout en évitant la déforestation grâce à une généralisation des mécanismes de Kyoto au monde entier.
Comprenons bien ! Nous sommes à la croisée des chemins.
– Ou bien , notre système de valeurs change et s’écarte de l’hyper-libéralisme pour revenir à une économie de marché très régulée par une priorité donnée à la lutte contre le changement climatique et l’adaptation de notre humanité à des changements d’ors et déjà inévitables . Ce choix implique un retour à l’éthique, un efforts sans précédent de solidarité et de réduction des inégalités pour éviter notamment la montée de la violence voir des guerres. C’est un projet de civilisation .

– Ou bien , nous nous limitons à une analyse de la situation limitée à une crise économique de caractère cyclique et nous mettons les rustines en conséquence . Dans ce cas, la crise n’aura servi à rien si ce n’est à accélérer les mécanismes inévitables qui conduisent à notre effondrement collectif.
Le développement durable est aujourd’hui un choix rationnel. Etre optimiste consiste à penser que ce choix absolument nécessaire pourra être un choix suffisant. »

En conclusion, fâce à cette discontinuité dans notre Histoire pouvant possiblement avoir de graves conséquences, nos valeurs fondamentales doivent être modifiées . Les conservateurs conservent l’existant et ont énormément de mal en général à s’adapter . Fâce à cette situation, qui nécessite de profonds changements, je pense que les gouvernements progressistes s’empareront plus efficacement de ces nouvelles et essentielles problématiques et y répondront plus favorablement que les conservateurs .
Je m’affirme donc, conscient des enjeux et de la discontinuité actuelle unique dans notre histoire, plus progressiste que conservateur et pour toutes les formes de progrès (social, démocratique, environnemental …) .

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