Du pourquoi les DRM étaient une mauvaise chose


La gestion des droits numériques consiste en l’ensemble des dispositifs techniques incorporés dans les œuvres culturelles numérisées et vendues sur internet .
Les DRM visent à préserver les droits des auteurs et ayants droits des produits culturels comme les films, les DVD, la musique, les CD, les livres numériques …
Ces dispositifs de protection DRM existent dans tous les domaines numériques :
– dans la diffusion TV via le chiffrement les signaux hertziens par exemple des chaines du câble ou du satellite, voir de Canal + qui nécessitent des décodeurs .
– dans les DVD via un chiffrement avec l’algorithme CSS . Là aussi, c’est un dispositif DRM au sens large et toujours basé sur le chiffrement et le déchiffrement à la volée .
– dans les fichiers de musiques WMA DRM de Microsoft (Fnacmusic) ou AAC de Apple (Itunes) achetables sur internet sur les sites de musiques en ligne
– dans les fichiers vidéos WMV DRM ou Divx DRM achetables sur internet sur les sites de Vidéos à la demande (VoD)
– sur certains Compact Discs (CDs) audios équipés d’un système anti-copie de CD avec la mention « système Copy Control » . Ces CDs audio ne peuvent plus être copiés (=rippés) comme cela avait toujours été le cas jusqu’ici . Par ailleurs, ce système de copie prend des droits d’administrateur du système sans l’autorisation explicite de l’utilisateur de son propre ordinateur .
– dans les jeux vidéos en ligne comme Guild War ou World Of Warcraft où une authentification et activation sur un serveur réseau d’Internet est nécessaire .
Techniquement, la plupart des DRM reposent sur des principes similaires aux DRM des fichiers audios ou vidéos WMA DRM, AAC DRM, WMV DRM ou Divx DRM pour l’essentiels .

Détaillons le dispositif technique de protection utilisé pour les fichiers audios WMA DRM disponible sur fnacmusic.com :
Les DRM sont basés sur le chiffrement des œuvres. Seul un matériel ayant la clé de déchiffrement est capable de consulter l’œuvre. Pour conserver dans l’ordinateur de chaque personne des secrets inviolables, les fabricants développent des systèmes de DRM profondément intégrés au matériel, à chaque ordinateur. Plusieurs fabricants mettent déjà en œuvre des systèmes de DRM purement logiciel, qui sont toutefois sujet au contournement. Voici le fonctionnement général :
Le serveur de contenus dispose du contenu protégé par droits d’auteur (par exemple de la musique).
Le client est le logiciel ou le périphérique qui permet de consulter ce contenu (par exemple un lecteur multimédia Windows Media Player).
Lorsqu’une personne souhaite télécharger un fichier, le client contacte le serveur .
Le serveur de contenus chiffre le fichier demandé spécifiquement pour ce client.
Ce fichier chiffré est ensuite transféré du serveur vers le client via l’Internet.
Lorsque la personne souhaite consulter le contenu qu’elle a ainsi téléchargé, le lecteur vérifie s’il a déjà une licence pour ce contenu.
Si le lecteur ne dispose pas d’une licence, il se connecte au serveur de licence (dont l’adresse est cachée dans l’entête non cryptée du fichier chiffré) en envoyant l’identifiant unique généré à partir de son matériel propre (disque dur, carte mère, processeur) .
Si l’utilisateur est autorisé (par exemple en ayant acquitté le paiement), le lecteur télécharge une licence. La licence est une structure de données qui contient la clé de déchiffrement ainsi que les conditions d’utilisation du contenu. Cette licence est protégée en confidentialité et en intégrité.
Le lecteur vérifie que les conditions d’utilisation définies par la licence sont respectées. Dans ce cas, le lecteur peut déchiffrer le contenu avec la clé de déchiffrement stocké dans la licence.
Cependant, si l’utilisateur change de client (nouveau logiciel, nouvel ordinateur, nouveau disque dur, nouvelle carte mère, nouveau processeur, nouveau baladeur …), la licence fournit étant adaptée à son matériel initial ne correspondra plus et il devra demander une nouvelle licence selon les conditions du contrat passé avec le fournisseur (Par exemple, iTunes permet ainsi sept licences liées à un changement de matériel sans restriction de durée pour l’achat d’un titre).
Les DRM peuvent imposer des restrictions d’utilisations très étendues comme le nombre d’écoutes autorisées, la période d’écoute autorisée, le nombre de copies sur d’autres PDA ou baladeurs numériques (synchronisation chez Microsoft), le droit de graver le fichier ou non …
Pour les WMA DRM de fnacmusic, voici leurs restrictions :
Nombre de lecture illimitées, gravable 7 fois et synchronisable 5 fois

Les DRM présentent des avantages pour les ayants droits et les sociétés marchandes mais s’accompagnent d’un très grand nombre de problèmes qui remettent en cause leurs biens fondés .
Nous allons les aborder ici bas pour constater l’ampleur des problèmes générés par ces DRMs .
—Pour les clients, la musique en ligne sous format DRM comme dans 95% des cas sur les sites français n’offre pas les mêmes conditions d’utilisations que la musique achetée sous CD dans le commerce .
– Avec un CD, on peut lire sa musique sur n’importe quel périphérique et quelque soit sa marque voir même dans sa voiture . De plus, on peut ripper sa musique et la sauvegarder sur son disque dur et la convertir dans n’importe lequel des formats souhaités (mp3, Ogg) afin de conserver la musique achetée à vie .
– Avec des WMA DRM achetés en ligne en France, le prix n’est pas si bon marché car les titres avec DRM imposés sont vendus 1 euros alors qu’on peut les trouver à l’étranger à 0,10 euros soit dix fois moins cher et en plus sans DRM c’est-à-dire sans restrictions . De plus, la musique achetée DRM ne pourra être ni gravée ni synchronisée autant de fois que l’on veut et ne pourra pas être lue sur beaucoup de baladeurs (car non compatible DRM) ni même sur son autoradio . Elle ne pourra être lue que sur l’ordinateur sur lequel elle a été téléchargée, avec uniquement le lecteur Microsoft Media Player et aucun autre (oublié Linux, les autres systèmes d’exploitation et la concurrence), et ne pourra pas être convertie dans d’autres formats ni incorporée dans des vidéos (pour des montages par exemple) .
Quand Microsoft décidera que le seul logiciel capable de lire ses WMA DRM, c’est-à-dire SON logiciel Windows Media Player, ne sera plus autorisé et qu’il en favorisera un autre, vous perdrez toute votre musique DRM à moins que vous achetiez le nouveau produit Microsoft (qui pourrait alors être couteux une fois la dépendance obtenue) .
Encore plus grave, la musique que vous achetez en ligne avec DRM, n’est en réalité pas achetée mais louée car sa durée de vie n’est pas garantie . Elle est liée au magasin qui vous a vendu la musique ET à votre ordinateur . Si le magasin de musique en ligne ferme, les fichiers de musique ne sont plus accessibles . Si votre ordinateur est modifiée voir HS, votre musique est totalement perdue et vos licences avec . La vérification des licences nécessite internet et se fait aléatoirement au cours de la vie du fichier. Si vous n’avez plus internet temporairement, vous pourriez ne plus pouvoir lire votre musique .
En clair, vos fichiers musicaux DRM ne dureront pas à vie et donc sont d’une certaine façon loués .
Si Apple venait à disparaitre, les morceaux protégés par DRM Apple pourraient devenir illisibles, ce qui placerait les consommateurs en position de créancier sans espoir de recours. Ce cas est d’ores et déjà apparu avec le site MSN Music dont la fermeture a été retardée de trois ans sous la pression des audionautes qui se seraient retrouvés dans l’incapacité d’écouter ce qu’ils avaient légalement téléchargé. De même, la possibilité de revendre les droits acquis n’existe en général pas, ce qui est une exception au principe de droit commun (on peut revendre ses disques et ses livres), sans parler enfin de ce qui arrivera le jour où l’œuvre tombera dans le domaine public. En pratique, le DRM correspond davantage à une location ou à un droit d’usage provisoire techniquement surveillé, qu’à une vente.
En d’autre terme, en tant que consommateur, l’utilisation massive des DRM fragilise votre accès à la culture et entrave votre liberté d’action.
— Techniquement dans le futur, les DRM pourraient être généralisés dans toute la chaine numérique .
— Il est particulièrement incohérent de constater qu’aujourd’hui les fichiers téléchargés "illégalement" et non payés sont dépourvus de DRM et donc plus sûrs, plus compatibles et d’usage plus étendus que les fichiers légaux sous DRM non gratuits . C’est pour cela que le gouvernement encourage l’amélioration de l’offre légale et l’abandon progressif des DRM . Hélas, ce n’est pour le moment pas du tout suivi des faits .
—Pour les systèmes d’exploitation Unix comme Linux : étant donné que les protocoles DRM sont gardés secrets, propriétaires et à l’origine de nombreux brevets (et donc de procès), aucun DRM Microsoft ou Apple n’a été implémenté dans ces systèmes. De plus, certains logiciels comme la suite Open Office compatible Microsoft pourraient ne plus être compatibles car non-compatibles DRM. Si tous les fichiers étaient protégés par des DRM, de nombreux logiciels du monde libre ne pourraient plus avoir accès à ces fichiers sécurisés assoyant la suprématie du monopole Microsoft au détriment de tous les autres et de façon anti-concurrentielle (il a déjà été condamné pour non respect des lois anti monopôle).
Les mesures techniques reposent nécessairement sur un chiffrement des œuvres. La société proposant ce chiffrement ne confiera la clé de décodage à un produit ou à un logiciel qu’en l’échange de la certitude que ce produit ou ce logiciel contrôle effectivement l’usage qui est fait des œuvres. Un document ainsi protégé ne peut être lu que par un matériel ou un logiciel ainsi certifié par la société proposant le chiffrement.
Ces technologies provoquent le débat car elles limitent la lecture des œuvres au matériel certifié par le diffuseur (parfois incompatibles entre eux). Standardisées mondialement par les diffuseurs, elles se révèlent parfois délicates à concilier avec les spécificités de droit local (par exemple le dépôt légal, le droit de courte citation, la copie privée, etc.). En liant spécifiquement un éditeur de produit (majors du disque ou Fnacmusic) avec un éditeur de contenus (W Media Player de Microsoft), elles sont aussi accusées de produire des situations de monopoles (Microsoft) .
Différentes législations questionnent la Gestion des droits numériques d’auteur, comme l’Australie ou l’Union européenne . Le débat sur le projet de loi DADVSI a par exemple prouvé que l’interopérabilité était un des problèmes majeurs causés par les DRM .
Face au tout DRM; la solution serait l’absence de tout gestionnaire de droit DRM ou un système de gestion des droits interopérable comme le XrML .
La norme ATA propose la gestion de la copie, du transfert, et de la suppression directement au niveau du disque dur sous le terme de périphériques SDMI/CPRM.
Dérivé du XML, le XrML dont les spécificités sont actuellement mises au point, devrait permettre la communication de tous les standards DRM si la concurrence l’accepte .
Voici un lien qui vous résume de façon attractive le problème des DRM :
http://www.dvanw.com/misopoint/drm/index.html

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *