La jeunesse actuelle est délibérément sacrifiée par nos politiques et les entreprises en France

Les jeunes français dans leurs immense majorité font des efforts pour se former en entreprenant des études jusqu’à 25 ans (voir +) au détriment d’une autonomie financière acquise plus tôt . En réponse à ces efforts, ils rencontrent un monde du travail qui recrute en CDD et contrats précaires et une durée d’accès à « l’emploi stable (CDI)» des jeunes de 8 ans en moyenne (pour les non diplômés, chiffre de l’état) . Cette situation repousse encore l’âge d’acquisition d’une autonomie financière . De plus, les jeunes sont caractérisés par un salaire bien en dessous de la moyenne nationale et un taux de chômage de 25% pour les jeunes contre 10% pour le reste de la population (chiffre de l’état) et même 40% pour les non diplômés . A tout cela s’ajoute une exigence encore plus importante à l’égard des jeunes avec une « formation maintenant tout au long de la vie », une demande de rentabilité plus élevée qu’à l’époque et une exigence de mobilité nationale (de Paris à Marseille) et presque internationale . Des jeunes peuvent répondre favorablement à ces contraintes de mobilité mais cette exigence de mobilité à long terme s’oppose aux conditions nécessaire afin d’établir convenablement un foyer . Dernier point, la vie professionnelle des jeunes sera caractérisée par plusieurs entreprises dans une vie comme nouveau standard . Ou va-t-on s’arrêter ?
Ce phénomène concerne également les plus agés qui eux aussi sont écartés du monde du travail . Ce phénomène (écartement des extrémités, les + jeunes et les + vieux) conduit à gonfler artificiellement la « compétitivité » de la France au détriment des obligations sociales de la France (en ne faisant travailler que les plus rentables). Cela permet à la France d’attirer les entreprises étrangères en mettant en avant le plus haut taux de compétitivité européen mais d’un autre coté, les exigences sociales et d’équité à l’égard des différentes générations ne sont pas respectées . Cette écartement par l’entreprise des plus agés et des plus jeunes du monde du travail est parfaitement illégal . En effet, légalement, il ne peut être appliqué de discrimination à l’embauche en fonction du sexe, de l’éthnie ou de l’AGE . La loi reste lettre morte . Les annonces d’emploi avançant un critère d’âge sont nombreuses .
Pour exemple, un pays comme l’Allemagne a répondu honorablement à cette exigence sociale basique en maintenant les jeunes et les plus anciens dans le monde du travail (le taux de chômage n’est pas ni plus grand ni plus faible pour les jeunes ou les anciens que la moyenne nationale allemande) . Une des clés : L’Allemagne favorise la professionnalisation (50% en entreprise, 50% à l’école) et consacre le double du budget de la France par jeune . Le challenge n’est donc pas impossible .
En conclusion, les perspectives des jeunes sont considérablement réduites pour leurs avenir : un accès au travail beaucoup plus délicat (et forcément aléatoire pour tous) et en plus, la perspective de quitter le travail beaucoup plus tôt (les anciens étant également écartés du monde du travail) .
Le tout dernier contrat CPE du gouvernement est encore un pas vers plus de précarisation de la jeunesse .
De plus, ce CPE ne répond pas aux conditions psychologiques adéquates afin d’engager le « jeune » salarié dans une démarche productive et impliquée en faveur de l’entreprise . En effet, le jeune salarié vit la période d’essai de 2 ans du CPE de façon dévalorisante . Les jeunes désirent avant tout être considérés, respectés et – sans doute le plus important – qu’on croit réellement en eux . Une période d’essai de 2 ans est mal vécue et cela est compréhensible . Dans ces conditions, psychologiquement, le salarié n’étant plus impliqué en faveur de l’entreprise, il ne faudra pas s’étonner que celui ci fasse preuve d’un manque de respect, d’un manque d’implication et de sérieux. Tout cela aura été finalement prévisible .
Pour finir, et c’est sans doute le point le plus important, la perspective d’embauche (le nombre d’emplois créés) qu’on peut prévoir avec ce contrat est réduite et est insuffisante compte tenu de la régression sociale qu’il constitue . Le jeu n’en vaut pas la chandelle . Si peu d’emplois gagnés pour une telle régression, c’est inacceptable .
Même des chefs d’entreprises sont de mon avis .
Pour preuve, la dernière intervention de Mme Corinne Lepage, je cite :
« Nous sommes opposés au CPE qui est un contrat de précarisation. Moi, qui suis aussi chef d’entreprise, je n’arrive pas à comprendre que l’on puisse licencier quelqu’un sans raison. C’est la porte ouverte à n’importe quoi. Le problème que l’on rencontre en France est celui d’une forte flexibilité sur l’emploi. Il convient d’assurer un parcours sécurisé aux gens. Le CPE assure un sort particulier aux jeunes. Ceci n’est pas justifié et est très négatif."

3 réponses sur “La jeunesse actuelle est délibérément sacrifiée par nos politiques et les entreprises en France”

  1. et oui, la dure réalité des jeunes! Cela risque d’être typique d’avoir un CDD et atypique d’avoir un CDI.
    Nous aurons tous des emplois précaires ainsi que des périodes de chomage entre les differants contrats.
    Que nous réserve notre futur? Le pire est aussi pour l’indépendance des jeunes, il faut des garantis pour un logement et ce n’est pas le CDD qui nous les donne.
    En bref,restons mobilisé contre toutes ces inégalités que nous rencontrons en étant jeune et ce gouvernement qui fait tout pour que notre situation ne s’arrange pas.
    Bérénice
    Ps: merci de tes commentaires. Ton article est bien fait. Bonne continuation pour ton blog.

  2. Bonjour, j’ai lu ton billet avec intérêt. Je t’invite à aller lire ma réaction vis à vis du CPE sur mon blog. 
     
    Il y a un point sur lequel nous somme d’accord : le monde de l’emploi se précarise et est discriminitoire.
     
    Pour ma propre expérience, j’ai fais un contrat de qualif un bac+2. J’ai ciblé une PME qui m’intérressait. J’ai vendu mon contrat de travail à ce patron en lui disant qu’il devait m’essayer… On prend ça comme on veut, de la prostitution presque, mais j’ai eu mon contrat et ma mobilisation a fait que j’ai eu mon examen, à la force du travail…
    Je crois que le CPE est un moyen de dire à un boss, essayez moi.
    La précarité du travail existe avec ou sans CPE. LA précarité est intégrée par les circuits bancaires, et j’en veux pour exemple mon pôte qui achète une maison à crédit, alors qu’il est intérimaire!
    Le CPE traite le problème de l’embauche à un niveau avancé dans le recrutement. Et oui, si l’activité économique était prospère, si des gens ne profitaient pas des entreprises et des avantages sociaux, et si, comme en allemagne, l’apprentissage se généralisait…. alors les entreprises recruteraient plus en confiance.
    Bon nombre de sociétés sont dans des mauvaises situations économiques et une PME de 5 salariés qui ratte l’embauche du 6ème, risque de finir à terre. 
    Je sais que des patrons aujourd’hui on peur du CPE, car avec ces 2 ans de préavis, si tu es motivé, formé et inséré dans un marché, tu es libre comme l’air de porter tout cela à la concurrence…et autont dire que si j’avais pas un préavis de 3 mois, je l’aurrai déjà fait!!! "pour améliorer mon salaire de merde avec ce patron non reconnaissant!!!"
    Je reste convaincu que le mal des manifestations étudiantes and co est le mal de la droite au pouvoir par rapport à des mouvements de gauche et le mal de cette société de plus en plus inégale et précaire…
     
    En espérant retrouver des traces de ton passage sur mon blog, je te souhaite une bonne journée.

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