Les modèles canadien et anglais en question

Le modèle du canada est particulièrement intéressant quand à la capacité qu’il a eu à réduire sa dette publique . En effet, ce pays s’est trouvé en 1990 dans la même situation que la France aujourd’hui c’est-à-dire avec un taux de chômage de 10%, un secteur public trop important en effectif, une dette de l’état colossale qui pesait sur les finances public par le remboursement de la dette (à peu près le même poids que le remboursement de la dette en France c’est-à-dire le montant de l’impôt sur le revenu) .

Ce pays, le Canada, a réussi, de 1990 à nos jours, à retrouver des finances positives et à rembourser plus de la moitié de sa dette . De plus, le taux de chômage est descendu à 6% .

Les finances sont redevenus positives grâce notamment à l’allégement de 30% en trois ans du nombre de fonctionnaires et des privatisations modérés de certains domaines mieux gérés par le privé que le public . Ce redressement a été réalisé sans affecter le système de protection sociale en place dans le pays . Cet exemple devrait servir d’inspirations à la France . Bien sûr, les deux systèmes des deux pays, la France et le Canada, ne sont pas parfaitement similaire et il ne s’agit pas de transposer à l’identique les deux processus . Il faut s’adapter aux particularismes français . Le changement en France devra être mené de façon plus modéré et plus lente et dans des proportions adaptées  . L’homme capable de mener ces changements devra avoir un ton pédagogique et expliquer sans effet d’annonces usurpé les raisons du changement . Ces changements devront être mené avec une obligatoire prudence et à une vitesse modérée . Les changements ne doivent pas être menés de façon trop rapide afin de ménager les équilibres sociaux français comme par exemple l’équilibre entre le secteur public et privé ou la qualité des services rendus par les services publics dans le cadre de la diminution de fonctionnaires. Ces changements devront également préserver ce qui fait les points forts de la France à l’étranger, et son modèle social en est un puisqu’il est admiré partout dans le monde . Ne détruisons donc pas à l’occasion de ces futurs changements les briques constitutives de notre nation .

Il s’agira donc par exemple de diminuer modérément les effectifs du secteur public mais bien sur pas jusqu’à 50% (chiffre irréaliste) comme annoncée démagogiquement par Nicolas Sarkozy.

Afin de mener avec précision ce changement, il s’agira de nommer à la tête de l’état un homme modéré et pédagogue, sachant s’exprimer avec retenu et précision, apte à expliquer ces changements .

Personnellement, Nicolas Sarkozy, qui se réclame l’homme du changement, ne me semble pas du tout adapté afin de mener ces réformes . Il manque de modération et ne maîtrise pas convenablement ses propos . Ses modalités d’applications du changement sont inadaptées aux réalités et au particularisme français . Par exemple, il prévoit une vitesse d’application de ce changement beaucoup trop rapide, dans des proportions de 50% irréalistes .Même si il mettait en oeuvre une telle proportion, on s’apercevrait ensuite plus tard de nombreux dysfonctionnements et on finirait finalement par remettre des fonctionnaires. Cela reviendra donc de toute façon à diminuer les fonctionnaires de moins que annoncé. Les économies de cette réduction des fonctionnaires ne seront de toute façon pas élevées et resteront insuffisantes.

On peut penser que parmi les futurs candidats, de gauche comme de droite, on pourra trouver des candidats ayant compris les nécessaires changements pour réduire le déficit et qui sauront les mener de façon plus modéré que ce que Nicolas Sarkozy propose et avec des modalités d’applications plus réfléchies . On peut faire des économies pour réduire le déficit de beaucoup d’autres façons que par la diminution des fonctionnaires. Cette approche est un choix d’économie idéologique et politique et en fait il en existe beaucoup d’autres.

Venons en maintenant au modèle anglais (présenté objectivement dans l’émission « un œil sur la planète »). Ce modèle est présenté par Nicolas Sarkozy comme un modèle dans sa lutte contre le chômage . Je vais vous présenter les réalités du modèle anglais et vous allez pouvoir constater par vous-même que ces réalités nuancent grandement son bien fondé . Le taux de chômage en Angleterre est de 3,5 %. Afin d’atteindre ce résultat, l’état a mis en place une flexibilité accrue du travail et a mis en œuvre des job center .

Le problème vient de la façon dont les chiffres du chômage sont calculés . Beaucoup de chômeurs ne sont pas comptabilisés . En effet, afin d’être comptabilisé comme chômeur en Angleterre, il faut s’inscrire aux Job Center . Cette inscription faite, l’organisme vous propose immédiatement des postes . Hélas, ces postes sont pour l’essentiel des postes sous qualifiés (balayeurs, restaurations, agents d’entretien) et toujours inadaptés aux profils de formations scolaires et professionnelles (expérience) . De ce fait, les jeunes diplômés sortant des études ou les salariés expérimentés ne peuvent s’inscrire aux Job Center . En effet, si ils le faisaient, on leur proposerait des postes sans rapport avec leurs qualifications dans les trois semaines et ils seraient contraint de refuser ce qui les amèneraient à être exclus de la liste des job center . En conséquence, les jeunes diplômés sortant des études ou les salariés expérimentés ne s’inscrivent pas en pratique dans les job center afin de pouvoir rechercher librement dans leurs domaines de prédilection . Les jeunes diplômés sortant des études ou les salariés expérimentés (une grosse partie des sans emplois) ne s’inscrivant pas sur la liste des job center, ils ne sont donc pas comptabilisés dans les chiffres du chômage . Le chômage en Angleterre est donc beaucoup plus élevé que ce qui est annoncé . Plus grave encore, les demandeurs d’emploi non inscrit sur la liste des job center ne perçoivent pas d’aide de l’état .

Dans la pratique, on peut donc dire sans mentir que les jeunes diplômés et les salariés expérimentés momentanément sans emplois, parce qu’ils cherchent à rester dans leurs domaines de prédilection, ne s’inscrivent pas dans les chiffres du chômage, ne touchent pas d’aide de l’état et ne sont pas aidés dans leurs recherches d’emplois .

En conclusion, le système de lutte contre le chômage, en Angleterre, est utile pour les peu ou pas diplômés mais est parfaitement inadapté aux diplômés et aux salariés expérimentés .

Et, le faible taux de chômage en Angleterre s’explique par une non comptabilité d’une partie non négligeable des sans emplois .

De plus, quand je dis que le modèle anglais est profitable aux non diplômés, c’est encore une fois relatif . Les Job Center reclassent en effet rapidement les sans diplômés mais dans des postes hétéroclites . Leur expertise et leur expérience dans un domaine donné n’augmente donc jamais, leur salaire ne croît donc jamais, et faute de projet professionnel cohérent, ce système les maintient dans un état de précarité permanente .

En conséquence, le modèle anglais n’est peut être pas véritablement un modèle dans sa lutte contre le chômage . Afin d’appliquer ce modèle à la France, il s’agirait donc de le nuancer fortement afin qu’il réponde au moins honorablement à la condition des diplômés et des salariés expérimentés . De plus, la différence de taux de chômage entre la France et l’Angleterre s’explique aussi par une automatisation de l’emploi beaucoup plus importante en France ce qui a contribué à l’élimination des petits boulots dans l’hexagone: les banques se sont équipées de distributeurs de billets, les pompes à essence n’emploient plus qu’une personne à la caisse etc. Il est utopique de penser que la simple application du modèle anglais résoudra les problèmes propres à la France .

Pour élargir la comparaison entre la France et l’Angleterre à d’autres notions que celles du  chômage, on peut aussi aborder d’autres thèmes . Par exemple, on peut parler d’un couple d’anglais qui a été s’exiler en Nouvelle Zélande, ne pouvant plus se loger autour de Londres qu’au prix de loyers exorbitants et de temps de déplacements effrayants . Pour se faire soigner les dents, des files d’attentes de six mois ne sont pas rares… Le « bon vivre » dépend de qui vous êtes, là encore plus que chez nous … Il semble donc que l’herbe ne soit finalement pas toujours plus verte chez les autres .

Nicolas Sarkozy présente l’Angleterre comme un modèle parfaitement bénéfique, sans nuance aucune, ; cela me gène profondément au vu de ce que je viens de vous exposer . Je vous laisse vous faire votre opinion .

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